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“Si le monde pouvait devenir green en deux jours…”

La première édition de la Green Tech se tiendra à l’Institut Français de Maurice le vendredi

5 avril, avec, entre autres, la participation de start-up de la France, de la Tunisie, du Maroc, de l’Afrique du Sud, de La Réunion et de Maurice. Une occasion pour nous d’adresser quelques questions à Sandrine Leblé, la co-présidente de la French Tech Mauritius. Elle aborde notamment les enjeux du développement durable pour les start-up

Sandra Leblé, co-présidente de la French Tech Mauritius
Sandra Leblé, co-présidente de la French Tech Mauritius

Parlez-nous de la French Tech, de sa mission et de ses objectifs?

La mission French Tech est une entité attachée au ministère de l’Économie, en France, ayant pour but de soutenir la structuration et le développement des start-up françaises, en France et à l’internationale. Elle représente aujourd’hui 17 capitales et 31 communautés en France, et 67 communautés internationales, dont la French Tech de Maurice. Les capitales agissent comme des hubs, des fédérateurs, dans la mesure où ce sont de grandes villes mondiales. Il s’agit d’un grand réseau, construit autour des start-up, qui fédère un écosystème de différents acteurs qui peuvent leur être utiles à différents stades de leur évolution. L’écosystème est composé d’incubateurs, d’investisseurs, de mentors, de coaches et de ‘corporates’.

 

Comment vous êtes-vous retrouvée co-présidente de la French Tech?

Je suis arrivée à Maurice après 10 ans dans la gestion de projets de transformation ‘corporate’ chez Airbus, à Toulouse. Il y avait cette ambition de contribuer à l’écosystème entrepreneurial de l’océan Indien, qui est après tout le berceau de mon enfance. Je souhaitais aussi mettre mes capacités de coaching en PNL au profit de petites organisations d’entrepreneurs, et je suis tombée sur un webinaire au sujet de la French Tech. 

 

Maurice, c’est un peu une étoile de développement dans le bassin de l’océan Indien.

 

Quel était votre constat de l’écosystème de la tech à ce moment-là?

Il y avait une ébullition et un dynamisme. Déjà, si on compte le nombre d’écosystèmes d’entrepreneurs à Maurice, ça dépasse une quinzaine. Il y avait aussi un écosystème qui permettait d’aplanir les hiérarchies. J’ai eu cette impression que tout le monde était très accessible et très gentil. Il y a parfois, dans une entreprise, une distance, une ‘surposture’. Quand je suis arrivée ici, les gens avaient simplement envie de se connecter. Il y avait un côté simple, avec des événements en permanence. Quand on veut caler des événements en avril ou en mai, il y a des embouteillages. Il y a des dates qui sont en clash avec certains. J’avais la sensation que Maurice était un beau terrain de jeu entrepreneurial.

 

 

Et aujourd’hui, quel est votre regard sur l’écosystème de la tech?

Je dirais qu’il va bien. Le label Made in Moris, les ‘success stories’ comme Fun Kiss, MIPS, le vélo vert… il se passe plein de choses, tout le temps, que ce soit pour les océans, l’agriculture et dans les technologies de pointe. Au niveau de la finance, par exemple, MIPS et Juice n’ont rien à envier au monde du paiement à travers le téléphone portable. Maurice, c’est un peu une étoile de développement dans le bassin de l’océan Indien. 

 

Quelle définition donneriez-vous à la Green Tech, qui sera le thème du Green Summit du 5 avril?

Une entreprise Green Tech est celle qui construit ses solutions dans le but de baisser une empreinte carbone ou de répondre aux défis du développement durable. C’est très large. Tout le monde n’a pas la même définition. Pour moi, la Green Tech inclut la Blue Tech, par exemple. Quand on est plus responsable par rapport aux océans, on est, pour moi, Green Tech. Quand on va faire de la ‘data science’ sur les sols pour améliorer la rentabilité des récoltes en disant à l’agriculteur où il faut qu’il plante, quand il faut qu’il plante, comment il faut qu’il arrose le sol, nous sommes, de mon point de vue, dans la Green Tech. Dès qu’on bâtit son ‘business model’ et l’identité de sa start-up sur le fait de contribuer positivement à l’environnement, nous touchons au Green Tech. 

 

Où en sommes-nous à Maurice?

Je dirais qu’il y a beaucoup de projets en phase de ‘seed’. Il en faudrait peut-être plus pour que, statistiquement, nous aboutissons à des solutions. Il y a une grande volonté d’avoir des initiatives. L’engouement est là. J’ai l’impression qu’il y a le soutien du gouvernement aussi. La volonté est donc clairement partagée par les citoyens et le gouvernement, mais c’est un mouvement qui ne peut pas se faire rapidement. Cela prend du temps d’avoir des idées qui mûrissent, qui s’industrialisent et qui, parfois, s’internationalisent. Mais, déjà, avoir conscience que c’est une priorité est essentiel, et je trouve que c’est le cas. Il y a des entreprises qui ne sont pas Green Tech dans la mesure qu’il ne s’agit pas de leur mission première, mais même là, je constate une volonté forte de chaque entreprise mauricienne de vraiment faire chuter son impact carbone.

 

Si le monde pouvait devenir ‘green’ en deux jours, il le serait déjà et on ne serait plus en train de parler de ça. C’est un long processus. C’est essentiel d’être dans le train. Quel que soit le moment où nous y sommes montés, l’essentiel c’est d’y être.

 

Comment Maurice cadre-t-elle avec la première édition du Green Summit?

La Green Tech est un des axes prioritaires de la mission French Tech et correspond bien à Maurice, qui est un territoire insulaire déjà tourné vers les solutions ‘green’. C’est le premier élément. Il y a deuxièmement cette grande volonté de faire collaborer les différentes French Tech du réseau mondial. Nous avons à notre disposition un réseau extraordinaire de compétences qui communiquent facilement et nous nous sommes fixés pour objectif de nous appuyer sur cette base pour rassembler la communauté Green Tech. On reste sur un événement qualitatif, avec dix startups Green Tech, dont une au Maroc, deux en Tunisie, et une en Afrique du Sud. Nous aurons une délégation réunionnaise sur laquelle on compte beaucoup. La Réunion est une capitale French Tech. Nous aurons aussi des start-up de la France métropolitaine. 

 

Nous avons à cœur de fédérer, de rassembler, de bâtir des ponts entre les gens, les entités et les pays. Nous aurons trois ateliers pour nous permettre de mettre en lien l’écosystème mauricien et des start-up françaises qui arriveront avec leurs points de vue et leurs perspectives pour croiser les regards et trouver des solutions. L’idée, c’est d’être une fenêtre de visibilité pour l’internationalisation des start-up. 

 

Cela prend du temps d’avoir des idées qui mûrissent, qui s’industrialisent et qui, parfois, s’internationalisent.

 

Pourriez-vous nous en dire davantage sur les ateliers? 

Il y a un atelier qui est plus orienté sur les ‘start-upers’ et leur fonctionnement. Pour ceux qui ont envie de creuser d’autres sujets, pour avoir plus d’idées, comment avoir plus de ‘seeds’ de Green Tech, on a un atelier qui s’appelle « Susciter l’innovation ». Le troisième atelier, est plutôt orienté vers la recherche. Où se trouve la recherche ? Où sont les sujets Green Tech ? Parfois, ils sont autour de nous et les acteurs ne se parlent pas toujours entre eux. L’idée, c’est de mettre l’incubateur Trampoline, qui est un incubateur à vocation de projets sociaux et environnementaux, en face d’organisations plutôt orientées recherche, du type la Technopole de la Réunion, qui sera là en présentiel. Nous attendons aussi des acteurs mauriciens orientés recherche. 

 

L’idée, c’est que tous sortent du Green Tech Summit en ayant appris et agrandi son réseau, C’est une opportunité, un ‘quick win’. Nous allons vous donner l’opportunité de profiter des personnes qui sont là pour approfondir vos sujets. 

 

Quelle est la particularité de la French Tech?

Nous sommes un pont. Comme on s’appelle French Tech, les entrepreneurs français qui font de la tech à Mauriciens viennent dans notre communauté. Cela ne veut pas dire qu’on exclut, parce que le but, c’est de créer des synergies. Tous nos événements sont ouverts, et on s’inscrit vraiment dans le tissu entrepreneurial de Maurice, avec effectivement cette touche française qui est le fait qu’à l’intérieur de la French Tech pour Mauriciens, ça parle français, c’est plutôt des Français, un peu à l’instar de la CCI France-Maurice, avec laquelle nous sommes partenaires. 

 

Il y a eu un accord signé cette année entre les CCIFI, toutes les CCI France International et les French Tech International. C’est un vrai partenariat très solide qui, à Maurice, a déjà fait ses preuves depuis la création de la French Tech de Maurice.

 

Vous avez vécu aux Comores, à Madagascar, à La Réunion et à Maurice. Qu’est-ce qui peut, selon vous, rapprocher davantage les îles de l’océan Indien? 

C’est d’avoir plus d’événements communs.  Il s’agit finalement de se rencontrer, de se voir. C’est tellement simple. Un événement peut être un fil conducteur très neutre. Du moment que c’est apolitique, on choisit le thème qu’on veut. Je me rappelle d’une start-up qui est née au Startup Weekend de l’année dernière, qui fait du ‘big data’, de l’intelligence artificielle pour déterminer comment un fermier peut mieux rentabiliser son champ. Nous avons, pour ce genre de projets, beaucoup de données qui sont disponibles à Maurice, à La Réunion, dans certains endroits de Madagascar, aux Comores, et les synergies qu’il peut y avoir dans ces types de données-là sont déjà immenses. 

 

Cela pourrait par exemple dire qu’un prototype d’une île peut être testé dans les autres. Des fois, ça ne coûte rien de faire ça. Les aspects collaboratifs peuvent nous rapprocher. 

 

C’est l’envie de faire quelque chose et de travailler ensemble, et à la fin, tout le monde a des agendas remplis. 

 

Avez-vous un message à passer au public Tech et Green Tech au sujet de l’événement de vendredi prochain?

C’est de vraiment encourager toutes les personnes à Maurice intéressées par la Green Tech à venir nous rejoindre. Nous avons besoin de toutes les idées, de la diversité des acteurs, et c’est ça qui va en faire un événement très riche.

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