Back to Bizweek
SEARCH AND PRESS ENTER
Latest News

“Les grands groupes et les gouvernements dépendent des start-up pour innover”

Les grands groupes et les gouvernements ont besoin des start-up pour innover et celles-ci ont besoin du support des deux premiers nommés. C’est le message essentiel de François Mallet, Chargé de mission Innovation & Réseaux de la Technopole de La Réunion. Il était l’un des invités phares du Green Summit, un événement organisé par la French Tech Mauritius, le vendredi 5 avril, à l’Institut Français de Maurice (IFM). 

François Mallet, Chargé de mission Innovation & Réseaux, Technopole de La Réunion
François Mallet, Chargé de mission Innovation & Réseaux, Technopole de La Réunion

« On a beaucoup de nos start-up auxquelles on est obligé de rappeler que leur objectif n’est pas de faire du chiffre d’affaires. » Selon François Mallet, Chargé de mission Innovation & Réseaux de la Technopole de La Réunion, le cœur de métier d’une start-up est de trouver un business model évolutif et avoir pour vision de chercher plus grand et plus loin.

 

Il souligne que le mot ‘écosystème’ revient très régulièrement, mais qu’on a tendance à en oublier le sens.  Il est utilisé à tort et à travers, et vidé de son sens initial, explique-t-il. Un écosystème est un environnement dans lequel les entités dépendent les unes des autres pour leur bien-être. Pour qu’un écosystème soit florissant, il faut que les entités collaborent entre elles, directement ou indirectement, fait-il ressortir.

 

« Les plantes interagissent avec les animaux. Ce sont des entités qui ne discutent pas entre elles, mais qui font en sorte que les unes et les autres survivent. C’est un peu la même chose. On oublie ce côté-là dans l’innovation », explique-t-il.

 

Il ajoute que les start-up ont souvent l’impression qu’elles dépendent des grands groupes et des gouvernements. En réalité, l’inverse est aussi vrai. Les grands groupes n’ont pas l’agilité et la souplesse nécessaires pour être innovants et donc rester compétitifs sur le long terme. Leur spécialité, c’est d’être compétitifs à court et à moyen termes. Mais sur le long terme, ils ont besoin d’innovations pour pouvoir continuer à exister et ils ne sont pas capables de développer les véritables innovations qui changent le monde et qui font celui de demain. Donc, les grands groupes dépendent des start-up de la même façon que les start-up dépendent des grands groupes, est d’avis le Chargé de mission Innovation & Réseaux de la Technopole de La Réunion.

 

« Inversement, les gouvernements manquent d’agilité et de souplesse. Les gouvernements ont des capacités à légiférer et ils ont besoin que la société évolue, mais ils ne sont pas capables de le faire sans le soutien des start-up, par exemple. Des entreprises innovantes ont beaucoup plus de souplesse et d’agilité que les gouvernements. Tout ça pour dire qu’il faut changer cette vision qui fait que les start-up ont tendance à se voir en bas, et que les laboratoires ont tendance à regarder les entreprises de haut, en se disant qu’eux font de la recherche fondamentale. Tout le monde se regarde de haut, en disant moi je suis mieux que toi, et au milieu de tout ça, vous avez les start-up qui, elles, se voient en bas. En réalité, ce sont les start-up qui nous amènent tous dans le monde de demain », relate François Mallet.

 

Ce dernier a aussi mis l’accent sur les difficultés à monter une entreprise, ajoutant qu’il s’agit d’une tâche extrêmement compliquée, avec énormément de problématiques. Il est notamment question de  fonds, de législations auxquelles il faut s’adapter, de normes et de labels à obtenir, entre autres.

 

« La start-up a ses propres problématiques, ses propres besoins de fonds pour faire de la R&D, etc., sans le soutien des grands groupes, sans le soutien des États pour l’aider à comprendre la législation, et parfois la faire évoluer. Chez nous (à La Réunion, ndlr), on a impliqué l’État et les grands groupes dans la réflexion sur ce que nous sommes en train de faire en termes d’innovation. On s’est rendu compte que le secteur du bâtiment, quand il a besoin d’innover, est incapable de le faire, parce que les assurances s’appuient sur les normes de l’État pour dire si elles assurent le projet de bâtiment ou pas. L’État s’appuie sur ce qu’il connaissait jusqu’à maintenant, où par exemple on faisait des bâtiments avec des briques, avec du ciment entre elles. Si les normes ne sont pas ainsi, il ne donne pas son approbation. Du coup, c’est un serpent qui se mord la queue. Les entreprises ont besoin de tester leurs innovations, mais elles sont incapables de le faire puisque les assurances ne veulent pas assurer les bâtiments sur lesquels elles vont les tester, et les assurances, elles, renvoient la faute à l’État. Vous connaissez le triangle de l’inaction. Tout le monde se renvoie la balle en disant que ce n’est pas de sa faute, et au final, on reste dans l’inaction », déplore-t-il.

 

 

François Mallet situe le rôle de la Technopole à La Réunion, qui est de garder la confiance des entreprises, de l’État, des assurances, des laboratoires, et de fédérer les partenaires de l’écosystème. La Technopole accompagne les entreprises tout au long de la chaîne de valeur, de leur existence et le plus longtemps possible.

 

« Un jour, elles finissent par percer, et c’est plutôt elles qui nous donnent un coup de main pour soutenir l’écosystème. Tout au long de cette chaîne, on va essayer de placer les partenaires là où les start-up en auront besoin. Souvent, on commence par la recherche, parce qu’il faut faire des choses les plus avancées possibles pour être le plus compétitif possible, et au fur et à mesure, on va venir placer des grands groupes, rapprocher l’État, pour qu’ils puissent garder un œil sur ce qui existe. Il y a aussi peut-être une législation à faire évoluer, une norme à changer, un label à rajouter pour les mettre en avant. Je ne sais pas si vous connaissez le PESTEL, qui est un outil de stratégie qui permet d’analyser les paramètres politiques, économiques, sociaux, technologiques, écologiques et législatifs. Il est important de savoir où vous vous situez sur ces différents paramètres, si les paramètres sont prêts ou s’il en manque un ou deux ou trois qu’on peut faire évoluer. Mais s’il n’y en a aucun qui est bon, ce n’est peut-être pas le bon moment pour votre start-up. La réalité virtuelle existait déjà dans les années 60, et pourtant, elle n’a pas émergé parce que ce n’était pas encore prêt », conclut le Chargé de mission Innovation & Réseaux de la Technopole de La Réunion.

 

Il constate une tendance dans nos écosystèmes à vouloir enfermer les start-up en leur rappelant, par exemple, qu’elles sont des start-up réunionnaises. Un scénario qui pousse celles-ci à restreindre leur vision. L’intervenant souligne cependant qu’il y a de très belles start-up qui ont su s’écarter de cette vision trop restreinte et revenir plus tard à La Réunion pour ramener ce qu’elles ont réussi à obtenir plus loin. François Mallet est ainsi d’avis qu’il faut accorder une liberté aux start-up et ne pas les enfermer dans les îles où elles se trouvent.

Skip to content