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“Le trafic des espèces sauvages dans l’océan Indien s’élève jusqu’à USD 25 milliards ”

Une conférence sur le trafic des espèces sauvages, réunissant les pays de la région, s’est récemment tenue à Maurice. Cette initiative de la Commission de l’océan Indien (COI), avec la collaboration de l’ONG américain TRAFFIC, vise à établir un réseau d’échanges d’informations entre les États de l’Afrique de l’Est et les îles de l’océan Indien, une région prisée par les trafiquants. Gina Bonne, Chargée de mission au sein de la COI, répond aux questions de BIZweek sur la question.

Gina Bonne, Chargée de mission, Commission de l’océan Indien

La Commission de l’océan Indien (COI) a organisé une conférence au sujet du trafic des espèces sauvages dans la région de l’océan Indien. Pouvez-vous en situer le contexte ?

 

Le fait est que dans la région de l’océan Indien, comme ailleurs, il y a le commerce actif illicite des plantes et animaux sauvages. Cela concerne non seulement les espèces terrestres, mais aussi celles qui sont marines. Nous pensons qu’il est important de remédier à cette situation, à partir d’une première étape qui est la discussion avec les autorités régionales concernées. Le but est de les sensibiliser et de dégager un plan de travail commun, avec l’objectif de redresser cette situation.

 

La COI, n’étant pas un spécialiste dans ce domaine, s’est associée à l’ONG américaine TRAFFIC, avec qui nous avons aussi signé un Memorandum of Understanding, pour nos actions régionales. Il s’agit dans un premier temps de renforcer la capacité de nos institutions dans le but de mieux travailler ensemble.

 

Quelle est l’ampleur de la situation ?

 

Les chiffres exacts ne sont pas disponibles, mais nous comprenons quand même qu’il y a un nombre important de commerces illicites des espèces sauvages. Il faut savoir que du moment où nous sommes devant des transactions qui ne sont pas rapportées, il s’agit bien d’activités illégales. Les premières informations nous dirigent vers le trafic de tortues qui sont dans les réserves ou ailleurs. Nous sommes aussi au courant du commerce illégal de reptiles endémiques, de concombres de mer, de coraux et de requins, qui sont importants pour notre écosystème marin régional.

 

Nous avons constaté qu’il y a une absence d’informations dans les pays de la région au sujet de ces trafics, ces informations étant obtenues ailleurs, de la part des importateurs de ces produits. C’est une faille que nous devons corriger.

 

Les chiffres fournis par le Secrétaire général de la COI au sujet de ce trafic sont frappants. Pouvez-vous nous donner des détails ?

 

Nous parlons de chiffres qui se situent entre 7 et 25 milliards de dollars américains. Encore est-il que ce sont des estimations basées sur les chiffres d’importations de certains pays et des organismes qui s’intéressent à ce dossier. Il est maintenant important que les États régionaux puissent évaluer la valeur commerciale du trafic des espèces.

 

Comment se fait-il qu’il y ait des pays qui ne rapportent pas ces cas ?

 

À ce jour, il y a beaucoup de  contrebande de la part de voyageurs, et nous devons donc maintenir une certaine rigueur au niveau des douanes. Par exemple, si nous avons la Plants Protection Act, nous devons nous assurer que les provisions soient pleinement implémentées. Les outils sont forcément en place, mais la question est de savoir s’ils fonctionnent comme ils le devraient. Dans bien des cas, les voyageurs transportent ces plantes endémiques dans leurs sacs.

 

Nous devons, par ailleurs, redoubler de vigilance pour combattre le trafic de viande de tortues de mer. Il y a un besoin de sensibiliser les populations des pays de la région au sujet de ces trafics illicites.

 

Qui sont les acheteurs et les vendeurs dans ce commerce illicite?

 

Ce sont des pays d’Asie qui sont demandeurs de produits marins tels que les ailerons de requin, les concombres de mer et certains reptiles. C’est par rapport à certains rituels, des croyances ou pour des plats spécifiques.

 

Il y aussi le mécanisme de la réexportation. Lors de la conférence, nous avons vu, par exemple, que des alligators transitent par des pays tels que Madagascar et Maurice avant d’être acheminés vers l’Europe. Comment résoudre ce problème ?

 

Il est impératif de renforcer la capacité de nos douanes et d’établir un dialogue entre les douanes, les autorités policières et les départements techniques des ministères concernés. Il faut revoir nos lois et cerner les défaillances. La COI a ici un rôle important à jouer, à travers la mise sur pied d’un cadre régional pour permettre des échanges d’informations entre nos pays et les officiers opérant au niveau des ports et des aéroports. Il faut aussi mettre à la disposition de nos membres des équipements qui leur permettront d’être efficaces dans cette lutte.

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