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“ll faut une libéralisation des prix pour encourager la créativité et l’innovation”

« Un cadre national sur l’intégration de la technologie dans la production agro-alimentaire est nécessaire », affirme le CEO de Medine Group, Dhiren Ponnusamy. Pour lui, l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire signifie que le secteur doit être structuré afin de produire ce dont nous avons besoin. D’où la nécessité d’une plateforme numérique connectant planteurs et acheteurs.  Il aborde par ailleurs le problème des ‘price caps’, ou du plafonnement des prix. Nous reproduisons ci-dessous les réponses apportées aux questions de BIZweek, ainsi que des extraits de son intervention lors d’une ‘panel discussion’ organisée par la MIoD et le Haut-Commissariat britannique mardi dernier.

Dhiren Ponnusamy, Chief Executive Officer de Medine

« C’est un défi immense ! L’enjeu concerne dame nature ! Nous devons agir maintenant ! »

Cet appel à l’action est de Charlotte Pierre, la haut-commissaire britannique à Maurice. En cette matinée du dernier jour de janvier, elle s’adressait à une assistance réunie à l’hôtel Hennessy, à Ebène, pour une conférence-débat sur l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire. Une initiative conjointe de la Mauritius Institute of Directors (MIoD) et du Haut-Commissariat britannique, avec la participation, entre autres, de Dhiren Ponnusamy, Chief Executive Officer de Medine Group.

« Le débat se situe aujourd’hui autour de la sécurité alimentaire et l’un des composants essentiels demeure l’accès à l’eau. Non seulement pour des raisons domestiques, mais pour celles qui sont d’ordre industriel. L’accès à l’eau doit impérativement faire partie du débat »

« Le débat se situe aujourd’hui autour de la sécurité alimentaire et l’un des composants essentiels demeure l’accès à l’eau. Non seulement pour des raisons domestiques, mais pour celles qui sont d’ordre industriel. L’accès à l’eau doit impérativement faire partie du débat », déclare d’emblée Dhiren Ponnusamy, avant d’aborder un autre élément clé. « Il n’y a aucune structure par rapport à notre façon de produire. Il n’y a aucune structure au niveau de ‘qui produit quoi !’ Nous pouvons nous retrouver, par exemple, avec des tonnes et des tonnes de carottes sur le marché. Nous avons aujourd’hui l’occasion de repenser notre façon de faire concernant exploitation agricole à Maurice », analyse le CEO de Medine Group.

Pour Dhiren Ponnusamy, il y a des menaces que nous ne sommes pas en mesure d’anticiper aujourd’hui et c’est l’un des aspects les plus compliqués du débat sur l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire. « Nous devons investir davantage dans les recherches pour identifier les impacts et surtout pour identifier quelles sont les choses qui subiront les impacts. La communauté agricole est si fragmentée ! Un cadre national sur l’intégration de la technologie dans la production agro-alimentaire est nécessaire », souligne-t-il.

 

Répondant aux questions de BIZweek après la ‘panel discussion’, le CEO de Medine Group explique que pour structurer la production agricole et assurer qu’on produise en fonction des besoins du marché, il faudrait dès le départ identifier ce dont nous avons besoin, qui va produire quoi, ainsi que les régions où la culture de tel ou tel produit serait optimale. Cela permettrait aussi aux planteurs d’avoir rapidement une meilleure idée du prix de leurs produits, et au final d’obtenir un prix adéquat pour le fruit de leur labeur.

 

Maurice, de par sa taille restreinte, serait d’ailleurs mieux placée que beaucoup d’autres pays pour réussir à structurer sa production agricole. « Vu que nous sommes un petit pays, on a l’opportunité de se réorganiser pour que la production soit réfléchie. C’est beaucoup plus difficile à implémenter dans les grands pays aux superficies immenses et aux centaines de milliers de planteurs. Mais à Maurice, on est assez petit et les terres sont catégorisées », estime notre interlocuteur.

 

Pour parvenir à cela, il faudrait mettre en place une plateforme numérique qui permettrait de connecter le planteur à l’acheteur. « Le planteur plante, puis vend ses produits à l’encan, et c’est là où le prix est déterminé. Or, partout dans le monde, on a constaté que la technologie permet d’enlever les intermédiaires. Aujourd’hui, c’est ce qu’il nous faut. Il nous faut des plateformes technologiques qui permettent de connecter le planteur directement aux acheteurs. Bien sûr, quand je parle d’acheteurs, je veux  parler de gros acheteurs comme les supermarchés ou les grossistes. Cela nous permettrait d’avoir une meilleure organisation de la production », poursuit Dhiren Ponnusamy.

 

En l’absence d’une telle structure, l’un des plus gros acheteurs du marché est l’Agricutural Marketing Board (AMB), qui doit acheter le surplus de produits agricoles, établissant ainsi un contrôle qu’on pourrait qualifier d’artificiel sur les prix. Si le CEO de Medine Group trouve que cela est en partie vrai, il s’épanche davantage sur un autre problème ; celui des ‘price caps’, ou du plafonnement des prix.

 

« Cela crée beaucoup de distorsions. Prenons le cas de la pomme de terre, sur laquelle un ‘price cap’ avait été introduit durant la pandémie de la Covid-19. Aujourd’hui, alors que le ‘price cap’ n’a plus sa raison d’être, il est toujours en place. Cela décourage l’innovation et la production, parce qu’on peut produire de la pomme de terre en surplus et stocker le produit pour le vendre quand on ne peut pas produire. Ce serait bénéfique pour le pays. Mais aujourd’hui, cela ne se fait pas car le ‘price cap’ en place ne permet pas aux planteurs de couvrir les coûts de production », souligne-t-il.

 

C’est pour cela, dit-il, qu’il faut une libéralisation des prix qui encouragerait la créativité et l’innovation. Il faudrait donc laisser le marché trouver son équilibre.

 

Quant à la délicate question de savoir qui pourrait prendre l’initiative de proposer la mise en place d’une telle structure, notre interlocuteur estime que vu que le marché est fragmenté, ainsi que par souci de légitimité, il serait mieux que ce soient les autorités, dont le ministère concerné, qui prennent les devants. Mais le secteur privé, ajoute-t-il, est disposé à collaborer pleinement, notamment avec la chambre d’agriculture, pour en faire une réalité.

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